La honte de l’artiste

Artiste se cache le visage

Dernièrement, je suis retombée sur cette entrevue réalisée par Guy A. Lepage à TLMEP et mettant en vedette un artiste que j’estime grandement; Jean Leloup.

En orientation, l’une des théories sur lesquelles je fonde ma pratique est celle des types de personnalités de John Holland, communément appelée la théorie du RIASEC-Z. La place du “A”, dans cette théorie, est occupée par la personnalité artistique, qui se définit par des traits rêveur, intuitif, créatif, non conformiste, une certaine désinvolture et un penchant pour l’esthétisme et l’originalité, entre autres.

Bien souvent, les gens que je rencontre dans le cadre de ma pratique privée, qui présentent des traits de la personnalité artistique, ont une réaction commune, lorsqu’ils prennent conscience du caractère prépondérant de cette typologie, au sein de leur personnalité. Ils s’inquiètent de laisser s’exprimer ce côté de leur personnalité, craignant que la société et le marché du travail ne l’honorent pas ou ne le reconnaissent pas à sa juste valeur. Dans un sens, je ne peux qu’être sensible à leur préoccupation et m’avouer qu’ils ont en partie raison de se poser la question. En effet, mettons nous d’accord sur un point; le marché du travail et sa structure, se fondent sur des valeurs plus  conventionnelles, uniformisantes et de surcroît capitalistes, modelant et traçant ainsi des parcours balisés et convenus d’avance, orientés vers la performance et la réussite. Ceci laissant peu de place à l’originalité et l’unicité des cheminements plus atypiques tels que connaissent la plupart des artistes, qui évoluent au gré du vent et de leurs intuitions du moment.

Il n’est pas rare que certains de mes clients frôlent la honte ou le regret de leur personnalité artistique, pendant que d’autres en sont fiers et l’assument pleinement.

Cette honte ou ce regret, se manifeste par une tendance à honorer plutôt les autres types qu’ils considèrent plus “respectables” de leur personnalité, soient les types “conventionnel”, préconisant l’ordre et la sécurité ou les types “entreprenant” misant sur la compétence et la capacité à influencer les autres. Autant le dire franchement, des facettes qui obtiennent davantage l’approbation sociale et qui sont moins couvertes d’opprobres par l’opinion publique.

Il n’y a qu’à écouter cette entrevue de Leloup pour comprendre que cette “honte” de l’artiste, qui camoufle une faible estime de soi en même temps qu’une envie de conformisme présage de soulagement et de repos, n’est qu’une projection partielle, mais bien claire, de la norme sociale que l’on tend à perpétuer en continuant de valoriser les carrières libérales plus élitistes au détriment des carrières artistiques oisives et plus chancelantes; moins linéaires et structurées.

Geneviève Phaneuf, conseillère d’orientation.

Source : https://www.youtube.com/watch?v=8J36wC4sPlg

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