Pour celles et ceux qui n’auraient pas vu l’excellent film “Captain Fantastic” du réalisateur Matt Ross, c’est l’histoire d’un père de famille dévoué, qui a consacré sa vie à éduquer ses enfants d’une façon peu conventionnelle, selon des valeurs qui honorent la nature et l’humain dans sa forme plus “primitive”.
Lorsqu’un drame frappe la famille, ils doivent abandonner leur forêt éloignée pour rejoindre le monde moderne. Cette nouvelle réalité confronte le père de famille à ses convictions, le forçant à questionner ses méthodes d’éducation et à remettre en cause ce qu’il a légué à ses enfants.
J’ai beaucoup aimé ce film lorsqu’il a paru au cinéma en 2016, car il dépeignait une autre forme de réalité, opposée à ce que nous connaissons en majorité. Ce film dénonçait même l’hypocrisie, voire l’absurdité du néolibéralisme, ce qui nous obligeait à regarder en face cet éléphant dans la pièce que l’on ne veut pas voir mais qui constitue un énorme mensonge auquel on se résigne à croire, tous, dans nos vies modernes souvent insipides mais supposément divertissantes. Ce mensonge qui nous est raconté et qui nous fait croire qu’il est dangereux de vivre autrement ou de faire les choses différemment comme l’a courageusement fait cette famille américaine, dans l’histoire. Vivre selon un rythme quotidien ralenti et aligné aux saisons, rempli de traditions, soutenu par la discipline et le savoir, la connaissance tacite. Un savoir encourageant le développement d’une intelligence à part, distincte et pragmatique. Utile au quotidien lorsque la survie a une connotation plus primitive et sauvage, que moderne et aliénante.
Nous avons tendance à porter et à incarner la croyance que la réalité et même la vérité “vraie” est celle que l’on expérimente au quotidien dans nos vies modernes, voire celle qui est validée socialement puisque plus populaire et supposément “sécurisante”.
Je remarque que les besoins de ma clientèle varient selon leur âge et la taille de leur “expérience” dans le monde du travail. Plus ma clientèle est jeune, plus la valeur du plaisir associée au fait de travailler est mise à l’avant plan des éléments essentiels à protéger dans la recherche d’une carrière idéalisée. Plus ma clientèle est âgée, moins cette valeur est représentée par rapport aux valeurs illustrant le besoin de sécurité telles que la stabilité d’emploi, la régularité du revenu, la santé financière, etc.
Plus nous vieillissons et sommes confrontés à la réalité du marché du travail, plus celle-ci semble nous user et avoir comme effets de nous persuader que la sécurité est gage de bien-être et de liberté, de plaisir et non le contraire, qui en reviendrait à dire que le bien-être et le plaisir sont gages de sécurité.
Il suffit parfois de changer notre façon de concevoir le monde et de le regarder pour découvrir qu’il ne se limite pas à ce qu’on nous en a montré à la télé ou à l’école, mais qu’il est bien plus vaste et excitant qu’il puisse paraître et surtout, qu’il n’est pas interdit d’en faire l’expérience autrement, en sortant de cette zone confortable, sécurisante mais ô combien souvent asservissante.
S’orienter c’est voir le monde comme nous l’avons toujours vu et accepter, soudainement, de le voir comme il pourrait être. C’est changer d’angle, changer de lunette et mettre à jour nos valeurs et convictions de façon à ce qu’elles soient plus alignées à notre véritable nature, souveraine et libre, et non pas à ce qu’on nous a fait croire que nous étions, condamnés et subordonnés.
C’est une chose que d’exister, mais qu’en est-il de vivre !? #CarpeDiem.
