La trêve : remise en perspective professionnelle

Sommet d'une haute montagne au pic enneigé

La vie professionnelle sur pause 

Les derniers mois ont été bien particuliers, nous serons plusieurs à l’affirmer.

En même temps sur la planète, des millions de gens ont été forcés à l’isolement pour cause sanitaire. Du jamais vu.

Pendant que d’autres ont dû maintenir le cap de leur engagement professionnel sous prétexte de faire partie de la catégorie des services jugés essentiels ou alors parce qu’il était possible de continuer à le maintenir à distance, ces personnes ont bénéficié ou écopé, selon le point de vue, d’une période de pause professionnelle.

À l’heure actuelle, nous pouvons le souligner, cette pause s’étire encore pour bon nombre d’entre eux alors que d’autres ont déjà été convoqués à regagner leur poste habituel.

Des héros et des laissés pour compte, au travail

Nous nous intéresserons ici aux multiples expériences susceptibles d’avoir été vécues, en période de trêve. Chez les confinés, mais aussi chez les individus restés “au front” ou “de garde”, tout le temps de cet espace temps hors du commun. Nous pouvons imaginer, même s’il n’est pas question d’élaborer sur ce point ici, un clivage possible entre ces deux groupes d’individus, une fois à nouveau réunis, sur le lieu professionnel. Sentiment d’injustice vécu par ces personnes qui sont restées ? Sentiment de décalage et de rejet vécu par celles qui ont été confinées ? Il serait intéressant d’en faire un prochain sujet de préoccupation.

Parmi les confinés, nous le savons, de nombreuses personnes âgées ont souffert de solitude, dû à cet isolement. Toutefois, nous nous attarderons ici plus précisément aux personnes actives sur le marché du travail, soit disant les 70 ans et moins, dans la grande majorité.

Parmi ceux-là, des parents. Certains qui ont dû combiner héroïquement télé-travail et éducation des enfants, à chaque jour, pendant de nombreuses semaines.

Une occasion unique de redéfinir ses priorités et ses choix professionnels

Leurs témoignages forment presque consensus. Ce fut très éprouvant, mais combien enrichissant de pouvoir passer autant de temps en famille. Une occasion unique de se rapprocher.

Des occasions uniques comme celle-là, nous pouvons apprendre. Nous pouvons observer comment nous nous adaptons, comment nous réagissons.

Avec ouverture ou contraction? Avec laisser-aller ou résistance ?

J’ai reçu les témoignages de quelques clients qui m’ont avoué avoir saisi l’opportunité de cette crise pour remettre en perspective leur rapport au travail et au temps. Intéressant…Profiter de cette pause pour réfléchir, remettre en doute, méditer, revoir ses priorités, ses habitudes, pour s’observer…individuellement et collectivement, pourquoi pas ?

Est-ce que j’aime toujours mon emploi ? Le travail occupe t-il une trop grande place dans ma vie ? Ou pas assez ? Est-ce que la gestion de mon temps et de mes priorités est en alignement avec mes valeurs ? Est-ce que je ressens le besoin de repenser mes choix ?

Questionnements et remises en question dans la carrière

Les changements que cette pause aura précipités dans les habitudes de vie des gens auront certainement ouvert la porte à des questionnements quant aux façons de faire habituelles, mais auront aussi permis aux gens de développer des mécanismes et des stratégies d’adaptation différents. Que ce soit au niveau du budget familial, de l’horaire quotidien et donc du temps accordé à ceci ou cela, à la façon de travailler et de communiquer, etc. Il n’y a qu’à penser au télé-travail qui se pratiquait encore peu avant la pandémie et qui soudainement, s’est avérée très populaire, voire incontournable, pour plusieurs organisations.

Repenser notre rapport au travail

Il n’y a pas à dire, nous assistons certainement à un changement de paradigme important, voire historique. Et à plusieurs niveaux.

Au niveau professionnel, la transition vers de nouvelles habitudes de travail , de nouvelles pratiques et normes sanitaires, demandera un effort d’adaptation collectif et individuel hors du commun. Port du masque, distanciation physique, télé pratique, lavage des mains, revue des protocoles d’usage comme la poignée de main en entrevue ou lors de rencontres d’affaires; toutes ces mesures quelles qu’elles soient apporteront leur lot d’inconfort, de protestation, d’ajustement, d’adaptabilité chez les travailleurs.

Définitivement, la pandémie sonne l’alarme et l’occasion de questionner notre rapport à beaucoup d’éléments et de valeurs.

Notre rapport au travail, au temps, à la santé, aux autres, à la liberté, à l’argent, à la consommation, etc.

Je vous laisse sur un extrait du texte “Éloge de l’oisiveté“, de Bertrand Russell (1932).

“Dans un monde où personne n’est contraint de travailler (…) Surtout, le bonheur et la joie de vivre prendront la place de la fatigue nerveuse, de la lassitude et de la dyspepsie. Il y aura assez de travail à accomplir pour rendre le loisir délicieux, mais pas assez pour conduire à l’épuisement. Comme les gens ne seront pas trop fatigués dans leur temps libre, ils ne réclameront pas pour seuls amusements ceux qui sont passifs et insipides.”

En 1932, Russell évoquait déjà un monde où le travail prenait trop de place, ne laissant que trop peu d’espace pour les loisirs et l’oisiveté.

En 2020, post-trêve due à la pandémie de Covid-19, est-ce un constat encore plus d’actualité ? Cette période transitoire peut être propice à ce genre de remise en perspective. Il sera intéressant d’en observer les manifestations multiples qui s’opéreront plus concrètement dans les semaines, mois et années à venir.

 

 

 

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