La trentaine : période féconde au changement de carrière

Route sillonnant au travers des marécages

La trentaine, cette époque des projets de famille et des projets professionnels

Cette soif peut parfois s’intensifier, pour certaines personnes, à l’approche de la trentaine, cette époque des projets de famille et des projets professionnels, où la préoccupation du temps qui passe l’emporte sur la désinvolture et l’oisiveté d’une jeunesse émoussée.

Naît alors le syndrome du “midi moins cinq” (à ne pas confondre avec le “Démon du Midi”), où l’on s’évertue, tant bien que mal, à vivre ces derniers instants que l’on sait précieux et caduques, effeuillés et épamprés. Ils ne reviendront pas et on le sait.

On n’aura plus jamais 20 ans, hélas! On retourne alors en ces lieux qu’on fréquentait dans la jeune vingtaine et on y trouve la nouvelle jeunesse, génération inconnue, qui nous rappelle à cette époque, sans nous inviter à boire ni à danser. On relit les lettres d’amour de nos fréquentations déchues, on se rappelle nos élans vagabonds; notre âme rebelle. On souhaite alors peut-être raviver une flamme que l’on sent s’essouffler, on souhaite alors peut-être sentir, encore une fois, cette jeunesse nous enivrer. Cette jeunesse des grandes possibilités, des insouciances et des folles idées.

Elle a laissé place à autre chose, à un nous plus anxieux, parfois plus prudent et plus sérieux. À quelques ridules aussi, aux coins des yeux. C’est l’époque de la trentaine, de la bedaine, de la marmaille, du boulot, des dodos tôt et des siestes d’après-midi qui s’installent, insidieusement.

L’acceptation du changement, professionnel comme personnel

Cette période transitoire peut consister en un certain deuil, disons-le, qui se conclut en l’acceptation du vieillissement, cet affaiblissement naturel des facultés physiques et psychiques, ce phénomène marquant l’évolution d’un organisme vivant vers la mort.

Il paraît toutefois possible (rassurez-vous) d’en tirer quelques éléments positifs, une fois son deuil réalisé. La sagesse devient parfois un concept moins abstrait, n’appartenant plus seulement au langage du Père Noël. Nous la percevons dorénavant dans nos discours, dans nos réflexions et nos enseignements. Le bonheur, ces petits instants magiques impermanents, sont de plus en plus reconnaissables et nous arrivons parfois davantage à en reconnaître la beauté et l’importance de les embrasser lorsqu’ils passent. Les insatisfactions s’amoindrissent et se résorbent pour laisser place au sentiment de plénitude et d’accomplissement. Pour laisser place au calme, surtout, et à la paix, ultimement.

L’étape du déni et de l’agitation passée, où nous “autruchons” généralement nos angoisses en faisant passer notre peur du vide et de l’ennui dans les voyages de yoga en Inde et autres expériences mythiques post vingtaine, en quête de la jeunesse éternelle, arrive enfin l’évidence de l’inévitable, ce coup de fouet inattendu qui nous ramène à la raison et nous fait tranquillement préférer la détente au coin du feu de foyer, les soirs de novembre, aux “Full Moon partys” sur les plages de Phuket : “J’ai 30 ans. Et alors?!”. Nous comprenons et acceptons de plus en plus que nous sommes imparfait et qu’il nous faille renoncer à vouloir tout accomplir, tout posséder ou tout maîtriser. Le lâcher prise devient alors une évidence et non plus une qu’une idée plus ou moins floue que l’on doit lire et relire dans nos enseignements yogis, pour daigner l’appliquer maladroitement.

Se choisir à trente ans, personnellement et professionnellement

La trentaine est une phase de renoncement. Certains auront la trentaine tardive et vivront cette “crise” s’il en est une, plus tardivement. On parle souvent de crise de la trentaine et de la quarantaine. C’est selon notre degré de maturité, selon le rythme de notre maturation, qui est ma foi, bien singulier et propre à chaque individu. Dans tous les cas, nous parlons des mêmes symptômes, du même besoin sous-jacent, soit celui de reconnecter avec cette fibre fatigable de notre éphémère jeunesse, que l’on voit s’échapper avec le courant de l’âge et de la vie qui file à vitesse “grand V”. Le besoin d’incarnation vital qui nous lit à cette terre et celui d’y rester éternellement. En effet, l’envie de se croire éternel et de nourrir cette illusion…

Une période féconde à la reconversion professionnelle

En orientation et développement de carrière, je dis souvent que la trentaine est une période très féconde à la reconversion professionnelle puisqu’elle active en nous ce désir de faire le point, de faire le bilan de nos expériences et de notre vécu professionnels antérieurs et de valider ou d’invalider les choix qu’on a faits. La réorientation de carrière est souvent propre et associée à cette phase de vie, faisant référence au mi-temps de la carrière puisqu’elle est le berceau des remises en questions et des questionnements existentiels qui précèdent le renoncement, l’acceptation ou le changement.

La trentaine est une phase à apprécier, à contempler et à embrasser comme chacune des phases que nous traversons, sur le chemin de notre vie. Comme dans tout ce qui est, l’ouverture, la joie et un peu de courage sont nécessaires à faire de cette période une période faste et heureuse. Dans le calme et en paix.

Bonne trentaine à celles et ceux qui la traversent et la traverseront.

Geneviève Phaneuf, c.o., M. Sc.

 

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