
En Amérique du Nord et en Occident, au 21e siècle, occuper un emploi et travailler est-il source de libération et d’épanouissement ou source d’aliénation, pour les membres de la population active ?
Nous travaillons pourquoi? Dans une société de consommation axée sur les gains et l’accumulation matérielle telle que nous la connaissons, le travail est certainement pour plusieurs, voire la plupart des individus, un moyen de payer ses comptes et donc de gagner un revenu. Un moyen de subsistance, donc de se nourrir, de se loger et accessoirement, de sustenter ses envies matérielles.
Cela nous amène à nous dire et à penser que nous pourrions difficilement nous passer de revenu, le coût de la vie étant ce qu’il est et nos moyens de subsistance étant restreints et soumis à l’offre et à la demande du marché. Peu de gens, en occident, ont hélas le mérite de vivre en autosuffisance. Nous allons au marché pour nous nourrir et nourrir notre famille et nous payons des loyers alimentés en électricité par le service public. Nous somme de plus en plus dépendants des rouages de la société de consommation, telle qu’elle est constituée. Nous sommes des contribuables.
Ce statut, dans tout ce qu’il implique comme réalité, viendrait-il amenuiser le sentiment de liberté des travailleurs modernes ?
La dépression, l’anxiété et le stress de performance constituent un fléau, au 21e siècle.
L’épuisement professionnel cause de nombreux arrêts de travail annuellement et amène de plus en plus de travailleurs en étant victimes, à questionner leur rapport au travail et la place qu’occupe le travail dans leur vie. De plus en plus de familles réorganisent leurs priorités, revoient leur budget et font le choix de couper une source de revenu d’un des conjoints. D’autres prennent plutôt la décision de réduire leur temps passé au travail pour plus de temps passé en famille. Nous sommes dans l’ère des horaires allégés, de la conciliation travail-famille, de la réorientation de carrière, du plus de temps accordé aux loisirs et aux plaisirs simples de la vie.
Les travailleurs du 21e siècle semblent ainsi démontrer un certain ras-le bol du modèle professionnel comme nous le connaissons. Du modèle hiérarchique proposé, également, qui confère beaucoup de pouvoir aux patrons et peu aux employés. Ainsi, des abus s’opèrent, des frustrations se créent et un fossé s’installe entre les besoins des employeurs et ceux des employés. Certains travailleurs se sentant ainsi brimés dans leur liberté et leur sentiment de réalisation et d’épanouissement, tentent de trouver des solutions pour se sortir de cette situation de déséquilibre, source de malaise, de mal-être, voire d’aliénation.
L’asservissement aux obligations financières ayant dépassé le simple plaisir de travailler et d’occuper un emploi que l’on aime et qui nous permet de nous réaliser, ont de plus en plus en raison de la santé mentale des individus actifs, qui remettent en question leur avenir professionnel et leur place sur le marché du travail.
La reprise de pouvoir des Milléniaux face à la société et au monde du travail
La nouvelle génération, celle des Milléniaux, semble démontrer et témoigner d’un désir d’indépendance et de reprise de pouvoir face à la société et au monde du travail tels qu’on les connaît. Plusieurs jeunes issus de cette génération créent ou postulent dans des entreprises sans hiérarchie (holacratie), une alternative aux traditionnelles structure hiérarchiques, où chacun, au sein de l’entreprise, occupe un ou des rôles, sans que ces derniers ne leur confèrent un statut plus élevé ou moins élevé que les autres individus faisant aussi partie de la structure organisationnelle. D’autres jeunes font le pari de partir à l’aventure plusieurs mois, voire plusieurs années, à la découverte du monde et ses multiples joyaux et cultures. Le 21e siècle étant aussi l’époque de la communication 2.0 et des hautes technologies, les emplois ne sont plus aussi sédentaires et n’ont pas l’obligation d’être pratiqués dans un lieu X, mais bien X, Y et Z.
Les jeunes semblent avoir le désir de révolutionner la façon dont le travail et ses différentes composantes sont pensées et organisées, pour ainsi les rendre plus dynamiques, plus libres et moins assujettissantes et aliénantes pour les travailleurs.
Source : https://www.theatlantic.com/ideas/archive/2020/04/millennials-are-new-lost-generation/609832/
Vive la jeunesse ? Vive la jeunesse. À tout le moins, l’avenir nous le dira.
Geneviève Phaneuf, c.o.